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Annecy A La Pointe Avec Ses Journées Nouvelles Technologies.

Annick Teninge interview Georges Lacroix propos des Journs Nouvelles Technologies qui vont avoir avoir lieu Annecy dut juin. Pour sa deuxie ition, ces journs semblent prometteuses... Article disponible en franis et en anglais.

George Lacroix. Crédit photo George Lacroix.

Dans ses efforts pour rester à la pointe de la technologie, Le Festival d'Annecy organise pour la deuxième fois ses "Journées Nouvelles Tecnnologies." Sous la houlette de Georges Lacroix, ces journées vont présenter les dernières évolutions technologiques et les talents qui les maîtrisent pour informer, et peut-être inspirer, l'audience du festival. Georges commente pour nous le programme de ces trois jours, et parle de leur raison d'être et de leur importance. Annick Teninge : Pour la deuxième fois, le Festival d'Annecy va présenter ses `Journées Nouvelles Technologies'. Cette initiative est-elle la concrétisation d'un rêve commun de Georges Lacroix, créateur d'images, et Jean-Luc Xiberras, créateur d'événements? Georges Lacroix : Jean-Luc Xiberras nous manque. Vous savez le respect et l'amitié que j'avais pour lui. Jean-Luc n'était pas seulement un créateur d'événement, c'était aussi un passionné d'animation et un grand directeur artistique. Il a voulu ces journées, et l'édition de 98 a été un vrai succès. Le public a formidablement réagi et nous avons vu à quel point ces nouvelles technologies peuvent participer à la création d'une magie nouvelle dans les programmes d'animation. A l'issue de cet événement, Jean-Luc m'avait dit les yeux brillants de malice : `tu vois, le cinéma d'animation est l'ancêtre du cinéma... mais c'est peut-être aussi son futur'. Cette année, le Président du Festival, Dominique Puthod, et Tiziana Loschi, Directeur Administratif, ont souhaité reconduire ces conférences. Toute l'équipe d'Annecy et Véronique Damien travaillent sur cette nouvelle édition pour en faire un succès. A.T. : Quel est votre objectif principal en organisant ces journées? Est-ce un moyen de positionner Annecy comme le rendez-vous annuel du cinéma d'animation auprès de l'industrie?

Toy Story. Crédit photo et © Disney Enterprises, Inc.

G.L. : Si vous voulez parler des 'Industries de l'Imaginaire' comme les qualifient Jack Lang, ancien Minsitre de la Culture, alors oui. Pour moi, création et industrie ne sont pas à dissocier, et le but principal de ces conférences est de faire le point en matière de Création sur ce qui se passe dans un univers à l'évolution vertigineuse. Et ceci est vrai pour tous les secteurs de l'animation. Ces conférences doivent informer, étonner, faire rêver, favoriser des rencontres entre créatifs et pourquoi pas, susciter des vocations. Elles sont ouvertes à tous, artisans ou industriels, étudiants, créateurs indépendants, réalisateurs, producteurs, techniciens, à tous ceux qui s'intéressent au Devenir de l'Animation. C'est un futur prometteur, et ces journées se veulent une fenêtre ouverte sur ce monde en pleine croissance ... `Nouvelles Technologies' ne riment pas forcément avec `Industrie' même si beaucoup de réalisations spectaculaires comme Toy Story, A Bugs's Life ou Antz on nécessité des moyens dits `industriels'. Aujourd'hui les ordinateurs, les softwares au service des créateurs n'ont jamais été aussi puissants. Les prix baissent constamment et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Les films d'étudiants ou même de jeunes réalisateurs démontrent qu'il est possible actuellement de créer un `One Man Movie'. Un créateur indépendant peut désormais réaliser son film dans sa chambre, en traitant l'image, le son, les effets spéciaux, le montage et ensuite, pourquoi pas, le diffuser sur Internet. A.T. : Pouvez-vous nous parler de ces journées? Commenter votre `coup de coeur'? G.L. : Vous voulez dire `mes coups de coeur'. Nous avons la chance d'accueillir cette année encore des créateurs, des réalisateurs de renom et de talent qui nous dévoileront les coulisses de leurs oeuvres. Ils nous feront partager leurs passions, leur vision et nous parleront de leur approche créative dans l'utilisation de ces nouvelles techniques. Annecy 99, je crois vraiment, sera un grand rendez-vous et nous avons tout fait pour que ces conférences soient à la hauteur.

Pixar's A Bug's Life. Crédit photo et © Disney Enterprises, Inc./Pixar Animation Studios.

Nous commençons le mercredi 2 juin avec `Une Sélection Internationale des Films d'Etudiants'. 23 courts métrages venus de tous les horizons, réunis dans un film de 80 minutes réalisé en partenariat avec Ina-Imagina. C'est une mine de futurs talents et la diversité des styles est un vrai régal. Jean-Michel Blottière et Lydia Boutot de Ina-Imagina présenteront la session. Marianne Fontenier de SupInfoCom en sera le modérateur.

Bunny par Chris Wedge. Crédit photo et © Chris Wedge.

Cette projection sera suivie d'une présentation de certains films par les réalisateurs, et bien entendu nous laisserons la place aux questions-réponses. Nous poursuivrons l'après-midi avec un panel exceptionnel sur le thème `Du Film Court au Long Métrage'. C'est sur une proposition de Shelley Page de DreamWorks que nous avons monté cette session avec l'idée de montrer au public les plus récents courts métrages parmi les plus prestigieux. Nous aurons la chance d'accueillir :

  • Eric Darnell de P.D.I., réalisateur de Gaz Planet et Sleepy Guy mais aussi co-réalisateur de Antz.
  • Chris Wedge, fondateur de Blue Sky Studios, qui nous racontera sa démarche créative pour réaliser son film Bunny. Film récompensé récemment par un Oscar et par un Grand Prix à Imagina 99.
  • Chris Landreth, réalisateur de Bingo retracera pour nous le chemin créatif parcouru pour réaliser son film à partir d'une oeuvre théâtrale.
  • Peter Lord et Michael Rose de Aardman, dont les courts métrages ne sont plus à présenter, préparent un long métrage. Ils nous en parleront.

Le jeudi 3 juin sera la journée du Japon où l'on verra que `Innovation et Tradition' se côtoient dans les superbes films utilisant les nouvelles technologies que nous proposent ses créateurs aujourd'hui. Machiko Kusahara de l'Université de Kobe, Sachiko Kondo de PH Studio, Masaaki Taïra de Trilogy, Morimoto Koji, réalisateur, Hideyuki Tanaka, réalisateur, nous feront découvrir ce Japon de l'An 2000. Nous verrons aussi les projets de Bandai Visual et de Square, qui, lui, reste à confirmer. Le vendredi 4 juin `Animation, Jeux Vidéo et Internet' seront à l'honneur. C'est l'explosion, c'est aussi le futur. L'animation est omniprésente dans les jeux vidéo et sur l'internet. Jean-Noël Portugal de In Visio, Philippe Ulrich de Cryo, Benoît Sokal, l'Amerzone, Olivier Heckmann de Multimania Production ainsi que Ubisoft et Infogrames peut-être, nous feront partager leur expérience. A.T. : Est-ce que, cette année encore, Fantôme est le partenaire principal pour l'organisation ces journées ?

Fantôme's Insektors. Crédit photo et © Fantôme.

G.L. : Vous connaissez l'actualité. Fantôme, qui vient d'être racheté par le Groupe Neurones, est devenu une filiale du groupe (NDLR: voir `The Animation Flash' du 30 mars 99). Paul Hannequart et Marc Minjaw ont décidé de parrainer cet événement au titre de Neurones et de Fantôme. Disons que la présentation officielle sera donc : `Le Festival International du Film d'Animation d'Annecy, Neurones et Fantôme présentent...' D'ailleurs à propos de partenariat, nous avons cette année bien plus de sponsors et de partenaires, que j'aimerais nommer et remercier ici : le Centre National de la Cinématographie, le Secrétariat d'Etat à l'Industrie, le Ministère des Affaires Etrangères, Neurones-Fantôme, Cartoon-Programme Média de l'Union Européenne, l'Ina-Imagina, le Pôle Images d'Angoulême, Bandai Visual, les revues Ecran Total et Pixel Magazine, et Animation World Network. A.T. : Quel convergence ou chevauchement y-a-t-il entre la programmation de films d'étudiants à Imagina et celle d'Annecy? G.L. : Il y a une vraie synergie entre Annecy et Imagina. Imagina a une approche globale et ces conférences mettent l'accent sur les technologies, sur la recherche et le développement, tout en tenant compte bien sûr du contenu et de l'aspect créatif. Annecy met en avant l'animation et l'expression créative, tout en tenant compte de la technique. Les deux approches sont complémentaires et la collaboration des deux Festivals a pour but d'offrir les meilleurs programmes. Les publics sont différents, même si une partie de ce public se retrouve aussi bien à Annecy qu'à Imagina.

A.T. : Ce partenariat du festival d'Annecy avec l'Ina/Imagina est une première très intéressante. Envisagez-vous d'élargir ce type de collaboration à d'autres manifestations telles que le Milia, qui depuis deux éditions travaille à la convergence des industries du jeu et de l'animation?

G.L. : Il ne m'appartient pas seul de décider des partenariats ou collaborations. Il y a une Direction et un Conseil d'Administration au Festival. Mais si vous voulez mon avis personnel, je crois que certains rapprochements sont évidents et nécessaires lorsqu'il y a complémentarité au niveau des calendriers et des sujets traités. Je ne crois pas en revanche qu'il faille systématiquement multiplier les alliances. Il faut aussi qu'un Festival garde son âme. A.T. : Peut-on encore parler de `nouvelles technologies' quand celles-ci prédominent aussi bien dans l'animation que les longs métrages en vue réelle (effets speciaux)?

Antz. Crédit photo et © DreamWorks Pictures.

G.L. : Le terme `Nouvelles Technologies' est appliqué à bien des secteurs, comme l'industrie (aérospatiale, biotechnologies, etc.) et la communication entre autres. Il est de plus en plus galvaudé. Il est nécessaire aussi de faire la part entre la prestation de services et la création de contenu. Notre approche consiste à parler des nouvelles technologies dans l'art de l'animation au service de la création, à réfléchir en quoi leur maîtrise va permettre aux créateurs de produire du contenu et de transmettre des émotions différentes. Vous savez, les technologies sont appelées `nouvelles' jusqu'à ce qu'on sache les maîtriser et qu'elles fassent partie de notre quotidien. Toute technologie a d'abord été une `nouvelle technologie'. Vous connaissez la phrase `une tradition finalement n'est rien d'autre qu'une innovation qui a réussi'. Il est certain que cette appellation disparaîtra et c'est tant mieux. En attendant, ces conférences permettent de faire le point dans un monde en pleine croissance et qui, pour beaucoup, est encore à découvrir. Il faut se rappeler que plus les outils pour la création sont puissants (ceci est valable pour toutes les formes d'expression) et plus vous devez maîtriser votre art pour maîtriser votre style. De plus, jamais auparavant les outils n'ont connu des évolutions aussi rapides. Aujourd'hui tout va si vite. Le temps de cligner des yeux, vous avez raté quelque chose. A.T. : Après les USA, c'est le Japon qui est le pays invité cette année. Le Japon est aussi invité d'honneur du festival. Pourquoi? Est-ce une reconnaissance [tardive] de la qualité de l'animation japonaise, au delà de son étiquette `Anime'? GL : Le Japon a toujours eu une place privilégiée à Annecy. Le festival a déjà accueilli et honoré des réalisateurs prestigieux comme Yoji Kuri, Renzo Kinoshita, Kawamoto, Hayao Miyasaki, Furukawa, Takahata. Pardonnez-moi mais la liste est longue et je ne peux pas citer tout le monde. Plusieurs films japonais ont reçu un Grand Prix. C'est lorsque nous avons évoqué l'idée d'inviter des réalisateurs japonais pour nos conférences sur les nouvelles technologies que Jean-Luc Xiberras a décidé de réaliser un projet qui le tenait à coeur depuis longtemps : le Japon, invité d'honneur du Festival, et pas uniquement pour les conférences. Pour moi, si l'animation a un pays, c'est bien le Japon et je suis heureux aujourd'hui qu'il soit présent en force à Annecy. Il était évident, après avoir invité les Etats-Unis d'inviter le Japon à nos conférences, car il y a des créateurs aux personnalités fortes et la culture de l'animation traditionnelle engendre des oeuvres innovantes aux bases solides.

Une bonne nouvelle, le film de Hayao Miyasaki Princesse Mononoke fera l'ouverture officielle du Festival.

Annecy - La vieille ville. Crédit photo Heather Kenyon.

A.T. : Avec ces journées, au delà des enjeux technologiques, comment défendre le potentiel artistique et la créativité qu'offrent les nouvelles technologies? En tant que pionnier dans la réalisation de séries animées entièrement en images de synthèse 3D, vous êtes certainement un ambassadeur de choix...

GL : Merci pour `l'Ambassadeur', mais je crois que je suis trop entier et trop passionné pour mériter ce titre. D'autre part, il y a un dicton qui dit que les routes de l'ouest américain sont jonchées de pionniers morts, percés de flèches d'indiens. Donc pionnier n'est pas un bon métier ! En fait je suis ravi de voir que ces technologies sont utilisées largement maintenant et tant mieux si j'ai participé à leur évolution mais je veux regarder devant moi. Aujourd'hui les films sont devenus plus spectaculaires, les dessins animés plus magiques en partie grâce à elles. Plus personne n'en doute, des USA au Japon !

Je n'ai qu'un regret concernant l'Europe, et la France en particulier, qui n'ont pas perçu encore l'immense potentiel que ces techniques pouvaient offrir. On se contente de les traiter comme un épiphénomène tout juste bon à faire des effets spéciaux ou de la publicité et les sociétés ne peuvent que rester des prestataires de services. Certes talentueux, mais prestataires. Les créateurs ne trouvant de projets ambitieux en France sont contraints de partir à l'étranger. De plus, comme aucune mesure n'est prise par les pouvoirs publics pour créer un environnement favorable à la création ou au développement d'entreprises innovantes dans la création de programmes de contenu (contrairement à ce qui est fait au Canada par exemple). après les créatifs, ce seront bientôt les entreprises qui veulent créer des programmes originaux (films, séries, courts métrages) qui s'expatrieront. Il est regrettable de devoir constater un tel gâchis alors que la France était en avance et avait pris très tôt des dispositions pour développer ces activités. Je veux parler de l'époque où Jack Lang était Ministre de la Culture. Il est urgent d'encourager `les industries de l'imaginaire' qui créeront de l'emploi, enrichiront le patrimoine culturel et conforteront notre identité. J'ai entendu récemment une intervention publique de Jack Lang. Il parlait de l'Europe et suggérait la création d'un Ministère du Futur, à qui on donnerait les moyens de sa politique et qui aurait en charge le développement des nouvelles technologies en général et celles aussi de l'image. Notre Ministre actuel de la Culture, Catherine Trautmann, devrait écouter. Programme des Journées Nouvelles Technologies - Annecy 99 Annick Teninge est Directrice Générale d'Animation World Network.